Le texte ci-dessous extrait du site jancovici.com
« Question facile, voyons : l’énergie, c’est ma facture d’électricité, ou éventuellement de gaz. Si je suis très concentré, j’y rajouterai peut-être mon plein d’essence, si je le suis encore plus le remplissage de ma cuve à fioul, et puis on va dire que l’on a fait le tour du sujet. L’économiste ajoutera peut-être que l’énergie c’est 7 % des dépenses des ménages en France, et donc que si l’électricité augmente c’est ennuyeux parce que cela comprime un peu le pouvoir d’achat, mais que personne n’en mourra.
Mais, avec ces approches économiques, tout le monde passera à côté de l’essentiel, qui est que l’énergie, dans les civilisations industrielles, joue un rôle physique central qui n’est pas du tout reflété par sa part dans les dépenses. Physique, vous avez dit physique ? De fait, avant d’être un montant sur une facture, l’énergie a une définition scientifique : il s’agit de la grandeur qui caractérise un changement d’état d’un système. Bigre ! Voici bien des mots compliqués ! En fait c’est très simple : cela ne dit rien d’autre que le fait que dès que le monde qui nous entoure (= « un système ») change, de l’énergie entre en jeu, et la mesure de cette énergie mesure le degré de transformation entre avant et après.
Si nous regardons autour de nous, nous constaterons que, en effet, dès qu’il se passe « quelque chose » quelque part de l’énergie intervient :
- un changement de température consomme ou restitue de l’énergie. C’est cette énergie-là que nous utilisons pour chauffer ou refroidir une pièce, ou un aliment, ou l’eau d’une douche (celle-là on la refroidit rarement !), etc. De même, toutes les machines industrielles qui cuisent, stérilisent, chauffent ou refroidissent utilisent donc de l’énergie,
- un changement d’état de la matière (passer de l’état gazeux à l’état liquide, ou encore de l’état liquide à l’état solide), que les physiciens appellent également changement de phase, utilise ou restitue de l’énergie, qui s’appelle de la chaleur latente. Notre corps utilise cette énergie pour se refroidir : c’est la transpiration, qui consiste à évaporer de l’eau issue de notre sérum (c’est pour cela que la transpiration est salée, et que par ailleurs elle nous déshydrate). Les machines de froid (réfrigérateurs, congélateurs, et leur « symétrique », les pompes à chaleur), utilisent la chaleur latente de condensation et d’évaporation pour transporter des calories. Et tous les processus industriels qui fondent (il y en a un paquet, surtout dans la production des matériaux de base) ou évaporent la matière consomment donc cette énergie.
- un changement de vitesse d’un corps consomme ou utilise de l’énergie. Mettre en mouvement voitures, camions, trains et avions utilise environ 20 % de l’énergie que nous consommons en France,
- un changement de composition chimique, selon les cas, fournit de l’énergie ou en consomme. Une combustion, par exemple, est une transformation chimique qui fournit de l’énergie, en associant de l’oxygène aux atomes initiaux, et à l’inverse toute action de réduction (le fait d’enlever de l’oxygène d’un composé qui en comporte, comme par exemple un oxyde métallique) en consomme. Modifier une composition chimique consomme de 10 à 15 % de l’énergie mondiale. L’industrie chimique qui, à partir de ressources naturelles (air, eau, minerais, sous-produits pétroliers, etc), fabrique d’autres molécules (des centaines de milliers !), consomme 7 % à 8 % de l’énergie mondiale pour « forcer » des réactions chimiques qui n’ont pas envie de se produire toutes seules. La métallurgie de base (aciérie et production de métaux non ferreux) consomme quant à elle environ 5 % de l’énergie mondiale, essentiellement pour réduire les oxydes qui composent les minerais.
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